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Articles | Ressources DocumentairesLa france est-elle une puissance maritime ?
Contribution de Jean-Emmanuel SAUVÉE
Académie de Marine
Introduction
Le terme de « puissance maritime », devenu véritable concept à part entière, a connu deux évolutions dans notre langue. A l’origine, ce dernier était majoritairement employé pour qualifier « la » puissance maritime d’une nation jusqu’au début du XVIIIe siècle. C’est à compter du XIXe siècle qu’apparaît ce terme comme qualificatif d’un État désigné comme constituant une « puissance maritime ». Il convient également de différencier la « puissance maritime » de la pure « maîtrise des mers » ; synonyme de puissance navale
Une grande puissance maritime a pour dessein naturel de devenir une thalassocratie. Ce terme fut incontestablement un qualificatif substantiel de la nation française au cours de son histoire, ou tout du moins, lors de plusieurs périodes non successives.
Ainsi, une question se pose aujourd’hui : la France peut-elle prétendre à ce véritable titre de nos jours ? Le débat est ouvert mais, nous devons l’admettre, il paraît à première vue difficile d’y apporter une réponse négative en ce qui concerne notre passé.
Également, quelle place pouvons-nous donner au terme de « thalassocratie » ? Dans quelle mesure pouvons-nous le lier au concept de puissance maritime ? La définition donnée par le Larousse nous livre que la thalassocratie, du grec thalassokratia, est le « pouvoir sur la mer », c’est « un État dont la puissance réside dans la suprématie qu’il possède sur les mers ». En d’autres termes, une thalassocratie est nécessairement une puissance maritime de premier ordre.
En effet, la France a bien connu des périodes où sa prépondérance dans le contrôle des mers fut substantielle. Nous pensons en particulier à l’œuvre maritime de Colbert, œuvre qui n’aurait pu se faire sans les premiers éléments constitutifs opérés sous Henri IV et sous Louis XIII en matière de flotte de commerce et de guerre. La France des années 1680 devient ainsi la plus grande puissance maritime que le monde ait connu à ce jour, en termes de puissance de feu et d’hommes qui sont ainsi réunis au sein de cette sublime Royale. Cette flotte remportera la plus grande victoire navale de notre histoire le 10 juillet 1690 lors de la bataille du Cap Bévéziers, aux dépends de l’Angleterre et des Provinces-Unies. Avec son escadre du Ponant composée de 75 vaisseaux de ligne, cette flotte victorieuse était commandée par le grand Anne-Hilarion de Costentin, comte de Tourville.
Cette construction maritime française au cours du XVIIe siècle fut couronnée d’un certain succès. L’œuvre entreprise en 1664 par Colbert visait à renforcer la politique mercantiliste amorcée sous le ministère de Richelieu, calquée sur le modèle des Provinces-Unies, lui qui suscitait tant l’admiration de l’illustre rémois.
Cependant, la consécration de notre puissance navale fut de courte durée, la Royale fut anéantie à la bataille de la Hougue le 29 mai 1692 par les forces anglo-hollandaises. Depuis cette date, notre marine de guerre comme notre marine marchande, se sont relevées à de maintes reprises avec autant de chutes. Nous penserons à la terrible capture de notre flotte de commerce en 1755 par l’amiral anglais Boscawen (sans aucune déclaration de guerre préalable !), au large du Saint-Laurent, comptabilisant près de 15 000 marins français capturés à la fin de la Guerre de Sept Ans en 1763, entassés dans des prisons flottantes. Cette guerre où nous perdons la quasi-totalité de notre premier espace colonial. Le sursaut victorieux de l’amiral de Grasse lors de la décisive bataille de la baie du Chesapeake en 1781 (qui permet d’offrir l’indépendance à la jeune nation étasunienne lors du siège victorieux de Yorktown aux dépends de la Couronne britannique), ne sera que de courte durée. En effet, sa défaite dans le canal des Saintes l’année suivante annulera les effets psychologiques du Chesapeake.
Nous pensons aussi tout particulièrement à la défaite d’Aboukir de 1799 (avec la terrible explosion de L’Orient), où toute la flotte française, au mouillage et en cordée, ne put combattre en ordre de bataille face à l’escadre de Nelson et se fit tailler en pièces. Cela sera confirmé en octobre 1805 lors de la retentissante défaite de Trafalgar. Par un bond dans le temps et à quelques milles de ce terrible cap espagnol, nous pensons de manière analogue à la destruction de la flotte française à Mers-el-Kébir, le 6 juillet 1940 ainsi qu’au sabordage du reste de la flotte française dans la rade de Toulon, le 27 novembre 1942. Jamais Carthage n’a pu prétendre à pouvoir reprendre quelconque position dominante sur les mers après ses défaites aux dépends de Rome. La France maritime a quant à elle toujours su se rétablir de ses revers ainsi qu’à apprendre de ses échecs.
Selon une théorie bien développée par l’historienne Dominique Lacroix-Lintner -et aussi aberrant que cela puisse paraître- la France moderne a du lutter en permanence contre la forme « d’interdiction juridique et naturelle » de commercer sur les mers ou, plus simplement, de « prendre la mer » que faisaient peser les autres puissances européennes à son égard.
En effet, les deux nations considérées comme étant à l’origine de la découverte du Nouveau Monde, l’Espagne et le Portugal, se partagèrent le droit de naviguer et de commercer sur les mers du globe dès 1494 avec le traité de Tordesillas.
Par la suite, l’éveil de l’Angleterre et des Provinces-Unis au XVIe siècle a profité du déclin des nations ibériques. Si les Provinces-Unis (jeune État né de son affranchissement du joug de la puissante Couronne d’Espagne en 1581) se prononcent en faveur d’un commerce et d’une navigation libre de toute nation sur les mers par l’intermédiaire du Mare liberum publié par le juriste Hugo Grotius en 1609, la Grande-Bretagne quant à elle s’aligne sur le Mare clausum de John Selder en 1635, excluant ainsi la France de toute prétention, de tout droit sur les mers. L’Angleterre a ainsi repris la politique précédemment adoptée par l’Espagne en ce qui concerne la volonté de domination sur les mers du globe. Un dessein qui fut incontestablement galvanisé par son écrasante victoire sur l’Invincible Armada en 1588.
Plus de 600 ans après le début de notre histoire maritime -issue d’une histoire d’amour entre une princesse gauloise et un capitaine grec, Protis– 300 ans après que Pythéas partit de cette cité pour découvrir Thulé, notre territoire a par ailleurs connu un peuple de la mer ayant lui aussi défié la puissance maritime de la République romaine : les Vénètes. Leur flotte de plus de 200 navires, fut défaite en 56 av. J.-C. Jules César la qualifiait dans La Guerre des Gaules comme étant « supérieure à celle commandée par Brutus ». Cette supériorité résidait principalement dans l’immense qualité technique des navires vénètes ainsi que dans l’immense maîtrise de l’art de la navigation des marins celtes.
La bataille, au large du Morbihan, tourne nettement à l’avantage des Vénètes. La flotte romaine vacille mais lorsque le vent tombe subitement, c’est toute la flotte celte qui se retrouve immobilisée, celle-ci n’utilisant que la propulsion vélique… Comme Carthage près de deux siècles auparavant, la plus grande flotte de l’histoire de la Bretagne fut totalement anéantie. Les marins bretons seront cependant parfaitement intégrés dans le dispositif de l’Empire romain. Preuve de cette intégration, le port ibérique de La Corogne qui portait le nom de Portus Britannae du temps de l’empereur Hadrien. Ce port était exclusivement fréquenté que par des marins bretons !
Mentionnons également le caractère quasi imprenable de nos citadelles marines construites selon les plans du Maréchal de Le Prestre de Vauban, créant un système défensif des côtes de l’Atlantique qui resta longtemps imprenable -à quelques exceptions près- pour l’ennemi Anglais ou Hollandais
Autre grande empreinte française sur l’histoire maritime mondiale : l’invention du système de standardisation de la production des navires de guerre par la création de la classe Téméraire, les fameux « 74 » par Sané et Borda en 1782. Tous ces navires furent construits dans la continuité des brillantes théories de Pierre Bouguer, l’un des membres fondateurs de l’Académie de marine dont le Traité du navire, de sa construction et de ses mouvements fit référence dans toute l’Europe.
Ce système fut repris immédiatement avec un succès immense par… les Britanniques. Il est aujourd’hui toujours un modèle d’organisation utilisé au sein de toutes les marines de guerre mais aussi marchandes. Finalement, pouvons-nous même affirmer que la standardisation des vaisseaux de guerre fut plus largement à l’origine de toute production en série ?
C’est le 9 août 1803 que Robert Fulton fit fonctionner avec succès le premier bateau à vapeur de l’histoire sur la Seine, ouvrant ainsi la voie à l’adaptation maritime de ce procédé. Ce procédé produit ses effets maritimes dès 1819 avec la première traversée transatlantique hybride vapeur/voile de l’histoire, effectuée par le navire américain SS Savannah.
C’est à un autre Français, Nicolas Appert, que le monde maritime doit une innovation majeure, qui va révolutionner, une fois de plus, le rapport qu’entretient l’humanité avec les océans de notre planète. En effet, il fut à l’origine d’un procédé qui prit son nom : l’appertisation. Ce procédé a permis de conserver les aliments pour une durée extrêmement longue. Découvert en 1795, cette invention révolutionnaire fut consacrée par l’ouverture de sa première conserverie à Massy en 1802, première usine de conserves au monde. Ces produits furent principalement écoulés au sein de la marine marchande française. Grâce à Nicolas Appert, les marins du monde entier ont pu bénéficier de ces avancées, permettant ainsi à pléthore de malheureux de vaincre le scorbut et ce, des décennies avant d’en découvrir formellement les causes.
Enfin, bien qu’il soit impossible de mentionner tous les Français ayant pu révolutionner les techniques de navigation, nous mentionnerons aussi le génie trop méconnu de Frédéric Sauvage, inventeur ayant mis au point le procédé de propulsion des navires par hélice en 1832.
En résumé, la France a donné la capacité au monde entier de pouvoir naviguer sur les mers par la mise à disposition de découvertes et de procédés techniques exceptionnels ! Du droit maritime à la propulsion des navires, de la construction des vaisseaux jusqu’à l’alimentation des marins.
Réplique de la frégate L’Hermione (1779) du marquis de Lafayette, mise en service en 2014. © Crédits photo Jean-Pierre Bazard (2018)
I. La France, première puissance maritime d’un point de vue géostratégique
L’histoire de notre pays, les générations précédentes de marins ont permis de construire un espace maritime immense, qui nous est légué aujourd’hui avec les enjeux actuels que nous connaissons, à savoir des enjeux économiques, environnementaux, de ressources naturelles, géostratégiques…)
Cette ZEE, seconde en superficie derrière celle des États-Unis, est constituée de milliards de mètres cubes d’eau et d’un socle océanique qui est quant à lui le plus grand domaine sous-maritime mondial !
Précisons que cette ZEE française, inférieure de seulement quelques 400 000 km2 à celle des États-Unis (10,9 millions de km2 contre 11,3 millions), ne souffre cependant d’aucune comparaison d’un point de vue géostratégique. Les droits octroyés par la ZEE étasuniennes sont absents du continent sud-américain, de l’Europe, de la Méditerranée, de tout l’océan Indien, de l’Océanie, du Pacifique-sud… En résumé, nous rendons quelques kilomètres carrés de souveraineté maritime aux États-Unis pour conserver des droits sur presque toutes les mers du globe !
En matière de ZEE et de souveraineté sur les mers, la France relègue le Royaume-Uni, son rival de toujours, à plus de 4 millions de km2 derrière elle. La ZEE britannique n’est ainsi qu’au huitième rang mondial seulement. Il est vrai qu’il manquait à la France un pied en Asie, tels Hong-Kong ou Singapour. Cependant, ces anciens comptoirs coloniaux du Royaume-Uni se sont retrouvés récemment nettement détachés de l’influence britannique, au profit de l’influence régionale du géant chinois. De plus, cette absence d’un territoire national possédé dans la région est largement compensée par la présence accrue de nos armateurs dans les ports précités.
La France possède de nombreux éléments permettant d’affirmer notre prédominance sur les mers d’un point de vue géostratégique, la plupart de ces éléments sont parfois totalement ignorés ou parfaitement méconnus par nos concitoyens, faisant de la France une véritable thalassocratie qui s’ignore ! La France peut compter sur plus de 100 000 marins (militaires, marchands, pêcheurs, de la plaisance professionnelle, etc…) et d’innombrables acteurs du maritime pour lui rappeler. Rien qu’en France métropolitaine, c’est près de 8 millions de résidents, soit près de 12% de la population. La densité de population de nos littoraux métropolitains est de 320 habitants/m2, soit plus de trois fois supérieure à celle de la moyenne nationale !
2. La France, une grande puissance commerciale maritime
L’expression du succès du modèle maritime commercial français a trouvé très récemment sa confirmation dans le discours du président américain Joseph R. Biden, lors de son speech sur l’état de l’Union 2022.
Ainsi, Joseph R. Biden a dénoncé la dépendance des États-Unis aux grands armateurs étrangers dans le domaine du fret maritime :
« Nous allons sévir contre les transporteurs maritimes qui pratiquent une tarification abusive »
Joseph R. Biden, State of Union Address, 1er mars 2022
Malgré les effets d’annonces qui traduisent un aveu d’impuissance, le droit maritime est incontestablement du côté des armateurs et le constat est simple : nous sommes en position de force, dans tout l’océan Pacifique grâce à notre géant maritime CMA-CGM ! Plus largement, la puissance du maritime en France c’est aussi cette capacité à pouvoir déranger la première puissance mondiale en soulevant sa dépendance économique qu’elle accuse auprès des opérateurs maritimes.
Rappelons que la fâcheuse posture des États-Unis dans le domaine du fret maritime s’explique uniquement par le choix qu’il fut fait au cours des années 1990 de se séparer de ses grands groupes d’armements maritime historiques. L’option zéro, soit zéro navires, zéro marin, zéro armateurs), refusée par la France, a été choisie à tort, et aujourd’hui à regrets, par les États Unies d’Amérique.
Le premier d’entre eux, APL, fut cédé en 1997 à un groupe singapourien qui fut lui-même acquis en 2016 par… CMA-CGM ! American President Lines (APL), nationalisée dans les années 1930 par Franklin D. Roosevelt en vertu du New Deal, était le premier armement au transport transpacifique jusqu’en 1990. Le fait le plus emblématique concernant la perte de contrôle dans le domaine maritime de la première puissance économique mondiale est le contrôle du port de Los Angeles par notre champion CMA-CGM. Rappelons que le groupe CMA-CGM c’est une présence dans plus de 160 pays (toutes les 4 heures un navire sous contrôle français part de Chine rempli de marchandises à destination du monde entier), 750 entrepôts, 150 000 employés (MSC en compte 110 000), une flotte exceptionnelle de 566 navires (bientôt plus de 600 compte tenu des commandes en cours) qui circulent sur plus de 250 lignes commerciales dédiées. Jamais, même à l’époque de la Compagnie des Indes, une Compagnie française de navigation maritime n’a été aussi puissante sur les Mers. Cette marine marchande triomphante sait aussi faire preuve de solidarité économique entre français quand elle prend 10% du capital du groupe AIR FRANCE-KLM qui a un besoin de soutien financier après les épreuves de la pandémie. Quand la navigation maritime tend la main à la navigation aérienne (et peut-être demain contribuera la navigation spatiale), c’est la France qui gagne !
Le groupe CMA-CGM fait de Marseille la capitale maritime de la France. La tour de 33 étages, conçue par l’architecte Zaha Hadid, domine le paysage marseillais et rappelle ainsi la puissance de ce géant français, phare commercial de la Méditerranée.
Le porte-conteneur CMA-CGM Jules Verne. Lancé en 2020, propulsé au GNL et d’une capacité de 23 000 EVP.
© Crédits photo Groupe CMA-CGM
La France peut aussi s’appuyer sur d’autres géants tel Bourbon, qui opéra une refonte totale de sa structure en 2019, alors en grande difficulté, réalisant ainsi avec succès cette transformation. Cela se traduit aujourd’hui par un leadership mondial dans l’exploitation des activités services de support à l’exploration, au développement et à la production des champs pétroliers et gaziers, en offshore continental et profond : ancrage, remorquage et positionnement offshore ; ravitaillement et transport de matériel offshore ; support de terminaux offshore & FPSO ; services de logistique intégrée ; assistance, sauvetage et dépollution. Bourbon, c’est une flotte contrôlée de 458 navires qui assurent aussi la protection du littoral français pour la Marine nationale.
Nous mentionnerons aussi un dernier champion, Louis-Dreyfus Armateur (LDA), plus grand armateur historique français, en activité depuis plus de 160 ans ! Le groupe excelle dans le domaine de la logistique & transports (transbordement en mer et logistique portuaire de vracs. Mais surtout, LDA est connu pour son expertise incontestable dans la pose et la réparation de câbles optiques sous-marins, la maintenance de champs éoliens offshore ainsi que les études et relevés sous-marins pour l’exploitation sous-marine des ressources en pétrole et gaz. Le groupe est présent dans le monde entier avec plus de 2600 collaborateurs et dispose d’une flotte d’environ 90 navires.
Plus largement, la France peut s’appuyer sur un chapelet de ports parfaitement répartis sur le territoire, de Dunkerque à Nice, en passant par Port-Vendres, ainsi que dans les territoires ultra-marins et qui excellent dans de nombreux domaines. C’est plus de 350 millions de tonnes de marchandises qui circulent chaque année au sein de nos ports. Cependant, le faible volume de ces derniers demeure notre point faible le plus indéniable.
La solidité du secteur maritime en France s’exprime aussi à l’international par son système bancaire. Les institutions financières françaises financent pour 45 milliards d’euros dans les flottes mondiales, dont 5 milliards sont dédiés aux navires français. La flotte marchande française étant composée de 425 navires battant pavillon français et plus de 1100 navires contrôlés par les armateurs français, soit un total de 1 500 navires contrôlés.
En ce qui concerne le domaine des croisières, la France possède là aussi un champion parmi les armateurs mondiaux exploitant ce secteur : Ponant. Dotée d’une flotte de 13 navires, la Compagnie du Ponant, fondée en 1988 par de jeunes officiers de la Marine Marchande, a fait revivre l’art de voyager sur les mers à la Française, faisant ainsi resurgir l’esprit des plus belles années de la French Line et des Messageries Maritimes. Cette flotte battant intégralement pavillon français, nous livre un concept ainsi qu’un modèle d’exploitation exceptionnels : le « tourisme à la française ». Alliant un nombre très limité de passagers par navire avec des destinations exceptionnelles, Ponant se distingue parfaitement des modèles américains, norvégiens et italiens.
Le Commandant Charcot et trois Ponant Explorers, quatre navires sur les treize détenus par PONANT.
© Crédits photo Compagnie du PONANT
Leader des croisières polaires, et cela plus particulièrement grâce à son nouveau navire propulsé au gaz naturel liquéfié, le Commandant Charcot, seul navire du monde civilisé à être capable de se rendre à la fois au pôle nord géographique, par 90 degrés Nord, ainsi que sur les mers les plus septentrionales du globe depuis le 6 septembre 2021. Il consacre ainsi le rêve boréal de l’illustre explorateur éponyme. Le Passage du Nord-Ouest fut aussi effectué pour la première fois sous pavillon français en Septembre 2013, par un autre navire de la flotte du Ponant, le Soléal (et plus d’une dizaine de fois depuis). De même, le pavillon français est dominant en Antarctique avec 5 navires présents dans le passage du Drake, en mer de Wendel, en mer de Ross, et bien sûr, à notre base Dumont d’Urville ! Ce pavillon est aussi présent en Arctique sur les deux côtes du Groenland et aux Spitzberg.
Le Commandant Charcot de la compagnie française PONANT. Il fait face au brise-glace russe 50 Let Pobedy. © Crédit photo Vadim Makhorov, Marinetraffic.com
En matière d’exploration polaire, c’est dans le sillage de la voie ouverte par le navire de haute exploration polaire le Commandant Charcot que le Président Emmanuel Macron a décidé d’inscrire le destin de notre pays. En effet, lors du One Planet – Polar Summit de novembre 2023, le Président Macron a annoncé « la construction d’un navire capable de naviguer dans les mers polaires ». Nous pouvons désormais l’affirmer : la France dispose des compétences et des capacités nécessaires pour mener à bien ses ambitions polaires.
Dans le même temps, les armateurs français refusent catégoriquement le tourisme de masse, inscrivant un rejet de ce mode de voyage dont les conséquences sur l’environnement et les peuples littoraux sont incompatibles avec un modèle durable.
L’archipel breton parfaitement préservé des Îles de Glénan. © Crédit photo Jean-Emmanuel Sauvée
Le transport maritime français de passagers, c’est aussi Brittany Ferries, qui domine la Manche et les Îles Anglo-Normandes, alors que les Anglais les ont désertées, Brexit oblige… Dans le même secteur du transport de passagers, nous pouvons compter sur Corsica Linéa, Corsica Ferries et la Compagnie Méridionale de Navigation, qui transportent 5 millions de passagers vers la Corse mais aussi vers le Maghreb. L’ensemble de nos armateurs du littoral français et d’Outre-mer, desservant principalement nos îles françaises, de Bréhat à l’archipel des Bélep, transportent 50 millions de passagers chaque année, soit presque autant que le groupe Air France-KLM…
La France, c’est aussi près de 10 millions de tonnes de combustibles qui sont acheminés dans le monde sur les mers par notre géant Groupe Total, pour souter un nombre très important de navires.
Dans le domaine de l’énergie, le groupe GTT fait référence dans le monde grâce à sa spécialisation dans le transport de GNL et des méthaniers. Depuis plus de 60 ans, ce groupe issu de différentes fusions a pu garantir un approvisionnement en gaz naturel à de nombreux pays dans le monde. Retenons l’innovation exceptionnelle que fut le lancement du Jules Verne, premier méthanier français constitué de 7 cuves à membranes gaufrées pouvant transporter jusqu’à 25 500 m3 de gaz liquéfié ! Il sera suivi de près par le lancement de l’Hippolyte Worms, propanier d’une capacité de 30 000 m3.
En terme de représentation, tous ces armateurs sont représentés au sein des Armateurs de France, seule organisation patronale défendant les intérêts des armateurs français depuis 1903.
Nous mentionnerons aussi le syndicat du Groupement des Industries et Activités Navales (GICAN). Ce syndicat fédère plus de 240 industriels et organisations du secteur maritime français. Le GICAN c’est 11,25 milliards d’euros, 46 500 emplois directs et 45% du chiffre d’affaires annuel à l’export. La France construit toujours à Saint-Nazaire, depuis le Normandie, les plus grands paquebots au Monde.
La France bénéficie aussi de grandes capacités d’investissements de par le soutien de banques maritimes. La plus célèbre étant le Crédit Maritime, succursale de la Banque Populaire avec la Banque bleue. Ce secteur compte à ce jour plus de 1 000 salariés.
Il convient aussi de mentionner notre position dans le marché de l’assurance maritime, un héritage en ligne directe de l’Ordonnance de Colbert de 1681. Il est hélas impossible de mentionner l’intégralité des sociétés existantes. Cependant, la majorité de ces groupes jouissent d’une légitimité historique indiscutable. À titre d’exemple, les assureurs marseillais sont nombreux puisqu’ils représentent à eux-seuls 80% du marché français de l’assurance maritime. Les principaux groupes français comme AXA et COVEA captent une grande partie du marché français mais aussi, international. La France assure près de 8% des biens maritimes dans le monde -sur un marché qui certes reste très volatil- nous assurant la 3ème place du podium mondial.
Nous pouvons aussi compter sur des cabinets historiques spécialisés tel que les courtiers Bessé Conseil à Nantes, la Harrel-Courtes, créée en 1847, le Groupe Eyssautier fondé en 1935 ou bien le groupe Degonde, fondé à Bordeaux, qui est désormais situé à Marseille depuis quatre générations.
Relevons aussi la position dominante du Bureau Veritas. Cette société spécialisée dans la certification et la classification des navires et aéronefs fait autorité dans le monde depuis 1828 ! Son siège est situé à Neuilly-sur-Seine. Les expertises dans le domaine maritime de ce géant génèrent près de 30% de son chiffre d’affaires.
Mentionnons aussi la société Barry Roglio Salles, fondée en 1856, deuxième courtier maritime mondial derrière le britannique Clarkson. Toutes ces sociétés et organisations commerciales peuvent compter sur un personnel, sédentaire pour l’immense majorité, qui d’en demeure pas moins résolument tourné vers la mer !
A l’opposé de ces grands groupes, nous trouvons en France un vivier phénoménale de jeunes start-up maritimes. Celles-ci ont pour majorité comme objet l’alliance du commercial et de l’empreinte écologique positive des activités maritimes. Leur domaine cible particulièrement la recherche de trajets privés comme commerciaux, la location de yachts et cela dans le monde entier. Mentionnons Capt’n Boat, I Clean My Sea, Nauticspot, Maloric et tout particulièrement Searoutes, start-up maritime qui permet aux chargeurs de choisir les transporteurs maritimes les plus verts ! Toutes ces jeunes entreprises sont sous l’égide du label « French Tech » New-York, Hong-Kong, Grand Paris, Pays Basque… Elles génèrent plusieurs centaines d’emplois en France, avec un avenir plus que prometteur.
En transition sur l’écologie, la préservation de la faune et de la flore marine, la gestion des stocks halieutiques, peut passer par la filière d’une aquaculture responsable. L’aquaculture en France, c’est près de 52 000 tonnes de poissons produites par an. Pisciculture et conchyliculture réunies, cela représente plus de 1,7 milliards d’Euros de produits vendus en 2017. Une filière qui représente près de 11% des volumes vendus dans au sein de l’U.E. (avant Brexit). L’IFREMER relève qu’en 2020, c’est plus de 60% des volumes de pêche français qui peuvent prétendre au label « pêche durable », soit quatre fois plus qu’en 2000 ! Ce secteur compte près de 13 000 marins embarqués sur les navires français.
3. La France, une puissance maritime écologique et sociale
Le patrimoine marin de la France c’est 10 % des récifs coralliens et 20 % des atolls de la planète sont localisés dans les eaux françaises. Près de 10 % de la diversité mondiale des espèces marines est présente en outre-mer. Pour protéger la biodiversité marine et les services rendus par les océans, la France a choisi de mener une politique volontariste de création et de gestion d’aires marines protégées dans toutes ses eaux, métropolitaines et ultra-marines. Actuellement, 67% des récifs d’outre-mer sont couverts par une aire marine protégée. D’ici 2025, la France s’est engagée à protéger l’intégralité de ces récifs.
Les océans nous fournissent des services écologiques fondamentaux, dont celui de régulateurs du climat. Ils absorbent plus de 90 % de la chaleur générée par les activités humaines et environ 30 % des émissions de CO2, tout en générant près de la moitié de l’oxygène que nous respirons.
À l’occasion du One Ocean Summit du 11 février 2022, la réserve naturelle nationale (RNN) des Terres australes françaises (TAF) a été étendue sur l’ensemble des espaces maritimes des archipels Crozet et Kerguelen et des îles Saint-Paul et Amsterdam administrés par les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).
Avec 1,6 millions de km², la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises devient ainsi la plus grande aire marine protégée française et la deuxième plus grande aire marine protégée au monde.
Ministère de la Transition écologique, 16 février 2022.
Nous nous permettrons ici de compléter l’importance de ce que notre pays a pu réaliser dans le domaine des aires maritimes protégées. Nous exprimons de la sorte une véritable affirmation de notre souveraineté conjointement à notre capacité à prendre des décisions en faveur de la faune marine mondiale.
Au sein de ce territoire, nous pouvons retenir l’excellente description faite par Anne-Gaëlle Verdier, de la direction du pôle environnement des TAAF :
« Comptant parmi les seules terres émergées du sud de l’océan Indien, les Terres australes françaises représentent un réel oasis pour les espèces marines, dont les oiseaux et mammifères marins qui forment parmi les plus grosses concentrations au monde (plus de 50 millions d’oiseaux issus de 47 espèces dont l’emblématique albatros d’Amsterdam, 2e population au monde d’éléphants de mer, une sous-espèce endémique de Kerguelen, le dauphin de Commerson, etc.) et qui viennent s’alimenter et se reproduire dans les eaux des Australes. Véritables « puits de carbone » permettant de réguler les émissions globales de carbone, ces territoires participent à la bonne santé des océans au niveau planétaire. »
Certes, en 2022, la première réserve marine au monde fondée sur le critère de la superficie est celle des Îles Cook, la Marae Morana. Elle s’étend sur près de 1 976 000 km2. La seconde, la réserve naturelle des Terres australes françaises s’étend quant à elle sur près de 1 660 000 km2. Cependant, il convient d’y ajouter près de 987 000 km2 de zone protégée supplémentaire, attenante à ladite réserve.
Dès lors que nous nous penchons sur la législation, de la teneur des interdictions prises en faveur de tous les éléments biologiques de ces zones protégées, nous constatons que la Marae Morana ne jouit pas d’une interdiction totale d’exploitation des minerais ou des ressources naturelles de ses fonds marins… Nous ne jugerons pas ici le choix fait par l’État souverain des Îles Cook. Cette réserve, couvrant l’intégralité de leur ZEE ; nous comprenons parfaitement les contraintes qui s’opposent à eux, que cette décision n’en demeure pas moins unique au monde.
La troisième plus grande zone de ce classement des aires de protections marines dans le monde est celle créée en mer de Ross, en Antarctique, la quatrième fut créée à Hawaii, sous la présidence de Barack Obama en 2014. La cinquième plus grande aire de protection marine au monde est de nouveau une réserve française ! Il s’agit de celle du Parc naturel de la Mer de Corail, situé en Nouvelle-Calédonie, avec près de 1 292 967 de km2.
C’est en tenant compte de ce contexte que nous pouvons affirmer que la France est la première puissance maritime mondiale en ce qui concerne la préservation des océans et de l’obligation que nous nous imposons afin de livrer à nos descendants un espace maritime implémenté de nombreuses réserves intégrales, massives, avec la garantie d’une protection totale de ces zones uniques au monde. Plus généralement, c’est bien tout l’espace maritime français qui constitue autant de lieux de refuges pour la grande faune marine mondiale.
Pour aller plus loin dans la préservation de nos territoires maritimes, la loi du 30 décembre 2017 a prescrit la fin définitive des forages en mer sur le territoire français pour des raisons liées à la protection de l’environnement marin. À titre d’exemple, cette décision a eu pour conséquence l’abandon du permis d’exploration offshore « Guyane Maritime » au large des côtes guyanaises en 2019, puis, en février 2020 ainsi que le refus de prolonger un permis exclusif de recherche d’hydrocarbures en mer (« Juan de Nova Maritime Profond ») au large des îles Éparses.)
Dans le domaine de la préservation des océans, que pouvons-nous dire de nos grands acteurs économiques privés ? Comment se positionnent-ils ? Si CMA-CGM n’est pas encore le premier armateur mondial à ce jour, rappelons que, dans le domaine de la réduction des émissions de CO2, le numéro 1 mondial MSC a un modèle écologique difficilement tenable. La compagnie italo-suisse était considérée en 2018 comme étant le 8ème plus gros producteur de gaz à effet de serre en Europe avec 11 mégatonnes de CO2. Les 7 premiers agents émetteurs n’étant que les centrales à charbon allemandes et polonaises ! Il en va de même pour le géant danois Maersk. Le groupe danois a en effet renoncé de convertir sa flotte au GNL car il a choisi le bioéthanol, accusant un retard conséquent dans cette transition. Par ailleurs, celui-ci est soupçonné par le think thank Carbon Tracker, de dissimuler très largement la réalité de ses émissions de gaz à effet de serre. En ce qui concerne le classement des plus grands pollueurs européens, notre champion CMA-CGM (premier concurrent de MSC et de Maersk), n’y apparaît pas en 2019.
Le cap de CMA-CGM est clair : neutralité carbone atteinte avant 2050, 10% de carburants alternatifs en 2023[i]. De plus l’engagement pris par Rodolphe Saadé devant l’OMI semble ainsi parfaitement atteignable ; l’engagement prévoit la réduction de 40% des émissions de CO2 par tonne transportée au kilomètre à l’horizon 2030.
Cependant, force est de constater que depuis le début de l’année 2022, les principaux groupes de fret maritime ont affiché de nouveaux engagements en termes de décarbonation de leurs flottes et de leurs terminaux. Avec sa flotte de 77 porte-conteneurs propulsée au GNL, la première flotte mondiale, CMA-CGM est déjà l’armateur le plus vertueux au monde d’un point de vue environnemental. Rappelons aussi que la compagnie de croisières Ponant a été classé également en 2019, par l’ONG allemande NABU (réputée pour être sans complaisance avec les armateurs de croisière) première compagnie au monde d’un point de vue de préservation de l’environnement.
Nous mentionnerons aussi le pari d’un retour à la propulsion vélique fait par le groupe nantais Neoline, pour une ressource illimitée, rapide et disponible immédiatement. Cette propulsion vélique est par ailleurs utilisée pour l’acheminement d’un succès franco-européen majeur : la fusée Ariane 6, transportée sur son site de lancement de Kourou, en Guyane. Cet acheminement est opéré par le navire Canopée, propriété du groupe Zéphyre & Borée, dont la ligne dédiée s’étend de Brême à Livourne, en passant par Bordeaux, le Havre et Rotterdam et ce, afin de rallier la Guyane. Ce cahier des charges extrêmement exigeant a permis de réduire drastiquement les émissions polluantes du projet de près de 35% ! Mais aussi, les compagnies de transport à propulsion vélique brestoise TWOT et la morlaisienne Grains de Sail doivent être mentionnée au même titre que les précédentes.
La France a aussi mis en place en 2021 une législation valorisant le traitement des déchets des navires, assurant une collecte de près de 120 000 tonnes à l’année !
Mentionnons aussi le projet ambitieux « Grands fonds marins de France 2030 ». Le comité interministériel de la mer a acté les premières orientations pour les « Grands fonds marins » dans le cadre de France 2030, avec le lancement de missions d’exploration. Les principaux objectifs de ce programme sont de cartographier, surveiller, explorer et préserver ces fonds et zones de grandes profondeurs, à plus de 6 000 mètres sous la coque de nos navires.
À l’instar des fonds marins, les côtes françaises bénéficient d’une protection accrue grâce au Conservatoire du littoral. Cet organisme public garantit le respect de ce domaine public, plus de 900 gardes du littoral sont sur le terrain pour préserver les richesses naturelles et la biodiversité de ces lieux, préservant des paysages exceptionnels, d’une réputation mondialement reconnue.
En matière d’énergies marines renouvelables (EMR), la France peut compter sur l’une des deux plus grandes usines marémotrices du monde, celle de La Rance, dotée d’une puissance de 240 MW. Nous faisons office de véritables pionniers en la matière, faisant jeu égal avec la Corée du Sud.
La France peut aussi compter sur une flotte de pêche et des marins-pêcheurs hors-pair. Notre flotte de pêche est composée de 7 149 navires pour un total de plus de 22 000 marins embarqués. Elle est essentiellement composée de navires de moins de 12 mètres, qui contribuent à près de 50% de la richesse du secteur.
La flotte de pêche française, c’est bel et bien un modèle durable avec notamment l’invention de la technique de la bolinche, en mer d’Iroise. Cette technique préserve à 100% l’intégralité des fonds marins et permet une pêche durable par sa technique d’encerclement des bancs de sardines.
De ce fait, comment ne pas lier les engagements environnementaux de nos armateurs du commerce et à la pêche avec notre patrimoine social et particulièrement, le régime de sécurité sociale des marins français, le plus ancien au monde : l’ENIM (Établissement National des Invalides de la Marine). Après plus de trois siècles d’existence, ce système, cher aux armateurs et à leurs équipages, toujours aussi moderne et efficace, est le château de Versailles des marins français, non pas de pierre mais de papier, créé par les mêmes hommes, à la même époque.
4. La France, puissance navale la plus optimisée et la plus complète au monde
La puissance navale française repose en premier lieu sur sa capacité de déploiement. Présente sur tous les océans grâce à son archipel historique de territoires ultra-marins, la France dispose d’un véritable modèle de déploiement « à l’américaine ». Elle peut compter sur quelques bases à l’étranger, servant de relai à ses forces navales, consacrant ainsi un véritable « hard power maritime. »
L’objectif de déploiement et d’opérabilité des forces françaises navales repose sur la lutte contre l’insécurité sur les mers, principalement la lutte contre la piraterie. Nous penserons ici à l’exceptionnel dénouement de la prise d’otages lors de l’acte de piraterie contre le Ponant en 2008. Les membres d’équipage du trois-mâts de croisière français capturés par des pirates somaliens furent libérés par une opération magistralement menée par la Marine nationale, le GIGN ainsi que le commando marine Hubert, dont les membres furent tarponnés sur le Ponant, libérant ainsi tous les otages sans déplorer la moindre victime. Cette force put opérer un tel succès en grande partie grâce à notre base de Djibouti.
Le second pilier sur lequel repose l’essentiel de la doctrine de notre puissance navale : la force de dissuasion nucléaire française. En effet, l’arsenal nucléaire français est certes relégué loin derrière celui de la Russie et des États-Unis. Cependant, quel débat pouvons-nous soulever sur l’intérêt de la possession d’un arsenal nucléaire ayant la capacité d’annihiler la totalité du territoire de tout potentiel État cobelligérant ?…
Cette force de dissuasion nucléaire s’appuie dans son immense majorité sur sa Force océanique stratégique (FOST) avec nos quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Le Triomphant. La force de cette flotte ultra moderne est de pouvoir frapper furtivement n’importe quel objectif militaire du globe dans un laps de temps extrêmement réduit…
SNLE Suffren produit par Naval Group au large de Toulon. © Crédits photo Axel Manzano, Marine nationale
Notre force de dissuasion nucléaire s’appuie aussi en grande partie sur sa Force aéronavale nucléaire (FANu) par le biais de ses Rafales marine, embarqués sur le pont de notre porte-avions à propulsion nucléaire Charles De Gaulle. La France dispose aussi d’une flotte de surface conséquente avec plus de 120 bâtiments de plus de 100 tonnes et 50 de plus de 1000 tonnes. Comme nous avons mentionné, la France compte plusieurs régiments d’élite qui comptabilisent près de 700 marins répartis au sein de sept unités (six des sept commandos sont basés à Lorient). L’US Navy est la force navale comptant le plus d’hommes incorporés dans des unités d’élite, avec près de 3 000 hommes dont 1 200 répartis dans des unités de type commando. Nous pouvons considérer que la France est parfaitement positionnée dans ce domaine.
Porte-avion à propulsion nucléaire Charle-de-Gaulle (R91). © Crédits photo Pascal Subtil
Également, n’oublions pas la particularité de Bataillon des marins pompiers de Marseille avec plus de 2 400 personnels, une entité unique au monde !
Enfin, il convient de relever qu’en matière de sécurité et d’indépendance maritime de sa flotte de guerre, la France peut se targuer d’avoir refusé en 2014 de la livraison des frégates Mistral à la Russie de Vladimir Poutine sous la présidence de François Hollande, affirmant de la sorte notre indépendance totale dans nos choix stratégiques maritimes.
Cependant, le choix d’avoir laissé sous-entendre une possibilité de cession à l’île Maurice de l’atoll de Tromelin, au nord de la Réunion, est plus discutable. Cette îlot est désormais en permanence occupé par un mission de trois personnels des TAAF, permettant d’assurer notre souveraineté totale sur notre espace ultra-marin, dont la sécurité et le ravitaillement de ses équipes est garantie par le Marion Dufresne et les bâtiments de la Marine nationale.
La construction navale de défense est assurée en France par un secteur puissant. Plusieurs entreprises (Naval Group étant la plus célèbre d’entre elles), assurent la compétitivité de ce secteur avec près de 30 000 salariés. Leader européen et 3e au rang mondial, la construction navale de défense française génère près de 30% de son chiffre d’affaire à l’international. La réputation mondiale dont jouit la technologie française dans ce secteur est exceptionnelle. Cette réputation assure de conserve parfaitement notre force de dissuasion navale.
Rappelons aussi la présence efficace de la Marine nationale sur les mers du globe dans le domaine de la lutte contre les narcotrafiquants. La saisie de près de 6 tonnes de cocaïne faite par le porte-hélicoptères amphibie Dixmude dans le golfe de Guinée lors du mois de mars 2021 en est un bel exemple !
Vedette des fusiliers marins (VFM). © Crédit photo Guillaume Plisson
5. La France est dotée d’une formidable culture maritime
Avec près de 20 000 km de traits côtiers (selon un calcul effectué en 1999 par le S.H.O.M.), la France ne peut d’office être exclue des nations culturellement maritimes. Cependant, il convient tout de même de citer quelques exemples pouvant justifier davantage la position culturelle française dans le domaine maritime.
Donner un sens au maritime en France ne peut se faire que par l’intermédiaire d’un enseignement professionnel spécialisé, de qualité, de pointe et reconnu internationalement. L’enseignement maritime en France est consacré par un réseau de 12 lycées professionnels maritimes (LPM) et de l’École nationale supérieure maritime (ENSM), digne héritière des écoles d’hydrographie, créées sous Charles IX en 1571. L’ENSM est implantée sur quatre campus : Le Havre, Marseille, Saint-Malo et Nantes. Ces structures comptabilisent à elles seules près de 3 000 étudiants à l’année (de la seconde professionnelle à la 5ème année d’Hydro) !
Il en va de même pour l’enseignement général et technologique en France. Les notions de thalassocratie sont abordées en histoire dès la seconde avec l’apprentissage des thalassocraties athéniennes et vénitiennes, ainsi que de la lutte franco-britannique pour la domination des mers. Le traitement du maritime est aussi très présent dans le programme de géographie des classes terminales avec un thème entier consacré aux « mers et océans : au cœur de la mondialisation ». Dans ce thème, la question spécifique sur la France est par ailleurs la suivante : « la France : une puissance maritime ? » ( !)
Nous pouvons ajouter à cela le centre de formation le Centre de droit maritime et océanique de Nantes, qui y dispense un enseignement de grande qualité dont les concurrences britannique, norvégienne, américaine ou bien singapourienne ne le relèguent pas à un rang si lointain.
La France, pays des phares, a toujours eu le souci de guider les marins sans regarder leurs origines. Les phares et balises de France comptent près de 6 100 postes de signaux ! 135 phares côtiers, 25 en pleine mer, 1 512 feux et 3 250 aides actives. C’est aussi une institution qui compte près de 1 200 salariés. Dans la même lignée, c’est dans ce même souci de continuité historique que l’AISM fut créée en 1957 et est depuis installée à Saint-Germain-en-Laye.
La France maritime, c’est une nation reconnue dans le domaine de la plaisance. Le Groupe Beneteau est le fer de lance de la construction navale de plaisance à la française. Ce savoir-faire est reconnu dans le monde entier. Le groupe compte près de 8 300 salariés et ses produits livrés n’ont aucun équivalent dans le monde. Ce succès s’explique par la grande capacité de la filière nautique en France : 4 millions de plaisanciers, 11 millions de pratiquants de sport nautiques, soit près d’un Français adulte sur cinq ! La plaisance en France c’est près de 98 898 permis délivrés en 2021, 10 913 nouvelles immatriculations et 79 677 mutations de propriété. En matière sportive, c’est plus d’un million de licenciés en sports nautiques répartis dans plus de 1 000 centres ! Le dynamisme de ces pratiquants se retrouve dans les innombrables régates qui se déroulent chaque année sur nos côtes. Plus largement, C’est sur plus d’un million de bateaux de plaisance que flotte le pavillon français !
En outre, la capacité d’accueil et la qualité des ports de plaisance français n’est plus à démontrer. C’est plus de 1 000 ports et abris nautiques dont 473 installations portuaires sur le littoral pour plus de 250 000 « anneaux » ! A cela, il convient d’ajouter 556 installations portuaires ou haltes nautiques comptant près de 20 000 places ainsi que 8 500 km de voies d’eau navigables et d’innombrables lacs ou plans d’eau. La traduction de tels chiffres est faite par les nombreuses victoires que nos marins remportent lors des compétitions sportives marines. Nos moissons de médailles olympiques depuis l’avènement des jeux, en passant par les grandes et prestigieuses courses au large, partant de nos ports telles que le Vendée Globe, la Route du Rhum ou bien la Transat Jacques Vabres. Ces courses furent remportées à de nombreuses reprises par des skippeurs d’exception, femmes et hommes.
Le French Spirit One, voilier choisi par l’Aleph (anciennement Team French Spirit) pour entraîner son équipage aux plus prestigieuses courses et régates du circuit RC44. © Crédit photo Aleph-Equipe de France
Tous ces chiffres démontrent que le maritime en France touche une majorité de Français. Le maritime en France et son influence sur nos vies s’exprime aussi à travers diverses institutions et organisations ayant pour vocation la préservation et la promotion du maritime en France et dans le monde. Nous pensons au projet scientifique des Océanides, mené par Christian Buchet qui en est le directeur scientifique. Le programme international de recherche Océanides c’est près de 260 chercheurs issus de 40 pays qui retracent l’histoire maritime mondiale, rappelant le constat le plus simple de notre existence : « sans les océans, il n’y a pas de vie ».
La France maritime est aussi dotée d’une Administration de la mer, imaginée lors du passage de presse aux systèmes de classes, qui retrouve une extrême vigueur. Nous pensons en particulier à la dynamique du Corps des Administrateurs des Affaires Maritimes et la récente création d’une Administration Centrale, la DG AMPA ainsi que la création d’un Cluster maritime puissant. Également, mentionnons l’Académie de Marine, vénérable Dame du Siècle des Lumières qui vient de fêter le centenaire de sa renaissance. Cette institution consacre notre histoire maritime, la préserve et nous la livre, tout en préparant son avenir.
Le pays possède aussi une branche dédiée à l’archéologie marine, le DRASM, dans laquelle elle excelle grâce à ses excellents centres de formation de plongée sous-marine, répartis, encore une fois, sur tout notre territoire métropolitain comme ultra-marin. Ces archéologues sous-marins français opèrent sur de nombreux sites archéologiques du monde entier.
Notre expertise dans le domaine du monde sous-marin est aussi largement représentée par la légendaire Compagnie maritime d’expertises (COMEX), fondée à Marseille en 1962. Cette compagnie est spécialisée dans l’ingénierie du monde sous-marin. Elle excelle dans les plongées sous-marines humaines, cumulant des records inégalés à ce jour avec -584 mètres de profondeur et -701 mètres en caisson ! Elle offre aussi un nombre de solutions conséquent en matière de robotique, sonars, magnétomètres, etc…
Une place importante sera aussi accordée à l’IFREMER, Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer, établissement public sous tutelle du ministère de la mer, qui excelle dans les domaines des sciences marines (biologie marine, géosciences marines, aquaculture, océanographie et la gestion des ressources vivantes). Sa flotte composée de dix navires et de neuf sous-marins, véritable fer de lance de notre flotte océanographique, offre des expertises mondialement reconnues d’une immense valeur.
La France voit aussi des femmes et des hommes qui œuvrent jour et nuit afin de garantir la sécurité des marins du monde entier sur toutes les mers du globe. Nous penserons à nos capacités exceptionnelles de remorquage en haute-mer. Dans ce secteur, le Havre voit œuvrer depuis 1864 la société des Abeilles International. Avec un dispositif exceptionnel de 6 remorqueurs de haute-mer, cette société assure aussi la protection du littoral français pour la Marine nationale.
L’Abeille Bourbon, remorqueur d’intervention de l’armateur Les Abeilles. © Crédit photo Les Abeilles
L’humain est aussi au cœur du projet de secours maritime français depuis 1825. La Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Cette association regroupe près de 150 000 membres et opère depuis 1967 sur nos côtes, dans la plus pure tradition des sociétés de sauvetage dont elle est issue par fusions successives. Elle compte un nombre extraordinaire de sauvetages périlleux, ses membres garde-côtes prenant des risques sans commune mesure afin de sauver des vies en détresse au large de nos côtes.
Les actions vitales de ces organismes et sociétés sont coordonnées par les Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (CROSS), traitant près de 15 000 opérations de sauvetage en mer par an ! Nous penserons ainsi aux Garde-côtes des douanes françaises, dotés de 618 marins et 130 aviateurs. Mais aussi, mentionnons la Gendarmerie maritime, comptant un effectif de plus de 1 100 militaires placés sous les ordres du général Xavier Facquet. Ce corps remplace en 1832 celui des prévôts et archers de la Marine, qui fut quant à lui créé en 1337, lors du déclenchement de la guerre de Cent Ans ! Il pourrait s’agir du plus ancien corps maritime au monde encore en activité…
Dans le domaine de la sûreté maritime mondiale, le MICA Center, situé à Brest, fait référence en matière d’analyse et d’alerte. Il est disponible en permanence grâce à la trentaine d’experts tous issus de la Marine nationale ainsi que des marines de pays partenaires, garantissant un suivi en anglais.
Dans le domaine de la santé, la France peut compter sur le Centre de consultation médicale maritime (CCMM), situé à l’hôpital Purpan de Toulouse. Il assure à tous les marins officiant sur les navires battant pavillon français dans le monde entier, des consultations médicales dédiées, sans distinction de nationalité. Tradition oblige !
Nous aurions aussi aimé développer davantage la place du maritime dans notre littérature, notre cinéma, arts (nos peintres de marine), musique et folklore. Nous pensons, sans pouvoir tous les nommer hélas, à Marin Marie et ses aquarelles exceptionnelles. Nous pensons particulièrement au Commandant Cousteau et son Monde du Silence. Ce film ainsi que les séries de documentaires qui en ont découlé, ont permis à des millions d’êtres humains de pouvoir prendre connaissance d’un monde totalement inconnu qu’est celui des profondeurs. Rappelons que nous connaissons mieux la surface de la Lune que celle de nos fonds marins, donnant ici une importance toute particulière à l’excellence que possède plus largement la France dans le domaine de l’exploration sous-marine. Ce concept fut aussi consacré à bord des navires Ponant, avec ses six navires dotés d’un Blue-Eye, véritable fenêtre ouverte sur ce « monde silencieux » mais si riche.
Peinture de Léon Haffner (1881-1972), peintre officiel de la Marine. © Crédit photo Fondation maritime Jean Sauvée
La France maritime, c’est aussi une presse maritime exceptionnelle. Du journal Le Marin, en passant par Le Chasse-Marée, le Journal de la Marine Marchande, etc… Mais aussi le magazine télévisé Thalassa, qui a déjà pu sensibiliser quelques générations de Français sur la question du maritime et de notre riche héritage marin. Des reportages ouvrant sur des manifestations telles que les Fêtes maritimes de Brest, la Grande parade maritime de Marseille ou bien les parades des bateaux de Sète ainsi que les nombreuses joutes de bateliers, sans oublier notre flotte historique composée de l’Hermione, du Bélem, du Renard, de la Recouvrance, l’Étoile du Roy et tant d’autres. Des traditions maritimes telles que l’aumônerie maritime, les nombreuses chansons de marins, les scouts marins, la part belle faite à nos médaillés olympiques, les belles images issues de ces manifestations maritimes où l’on peut voir jouer le bagad de Lann-Bihoué, nous sont parfaitement restituées par ces organes de presse et ces émissions emblématiques.
C’est tout cet ensemble puissant qui contribue à la construction et à la dynamique de ce dispositif maritime, unique au monde, digne d’une grande thalassocratie, pacifique et moderne !
6. Tenir compte de notre passé afin de nous tourner vers notre avenir
C’est à ce propos que nous reprendrons l’excellente analyse du juriste Alain Pellet, dans l’Atlas des espaces maritimes de la France (publié cette année), s’exprimant sur l’origine de notre puissance maritime ainsi que de son analyse du présent :
« Ambition historique, souvent contrariée, le domaine maritime français est le produit d’une géographie éclatée et la promesse fructifiée du développement du droit international au XXe siècle, qui permit aux États de s’approprier une partie de la haute mer. Si la France a eu une politique juridique ambitieuse à cette fin, celle-ci impose une coordination interministérielle dont les rouages restent à rôder. Par ailleurs, l’immensité de ce domaine n’a d’égale que sa fragilité : environnementale bien sûr, mais aussi juridique. Nombre de ces espaces sont attachés à l’Outre-mer et exigent de dépasser le tropisme métropolitain pour saisir, notamment, les conséquences de la contestation du legs colonial ou l’élévation du niveau de la mer. À cela s’ajoutent désormais les complications découlant du Brexit. »
La France garantit la liberté sur les mers, à condition de respecter certaines règles environnementales, sociales et de sûreté, non sans nous faire rappeler la célèbre maxime de Victor Hugo : « La mer est un espace de rigueur et de liberté ».
La France, si elle n’est pas celle d’aujourd’hui, est en passe de devenir la puissance maritime mondiale incontestée de demain.
Pour le prestige, la renommée mais aussi le respect du pavillon français, l’État, garant des intérêts publics et de ceux de la nation toute entière, a toute la légitimité pour intervenir dans diverses situations sur de nombreuses mers.
Un espace maritime aussi vaste implique des responsabilités qui le sont tout autant. Les orientations et les choix que nous faisons peuvent avoir des répercussions sur tous les océans du globe.
Naviguer et évoluer dans la ZEE française c’est avoir l’assurance d’une sécurité totale pour les personnes, biens et marchandises. Une zone où le respect de l’environnement marin prime sur l’exploitation des ressources qu’il contient.
Quel autre pays au monde a un dispositif maritime aussi complet ? Pour être une grande puissance maritime, pacifique et moderne, ne faut-il pas couvrir l’ensemble du spectre ? Quel pays au monde peut prétendre cocher autant de cases au sein de ce spectre ?
Le potentiel thalassocratique de la France est immense, il est incontestablement le plus élevé dans le monde. Cependant, la France requalifie même ce concept de thalassocratie auquel nous pouvons en redéfinir ainsi les termes : « Pays-nation détenant une grande souveraineté sur les mers et les océans , disposant de flottes militaires, de commerce, de pêche et de plaisance importantes et variées ; de ports militaires, de commerce et de pêche et de marinas de plaisance conséquents ; d’une culture et histoire maritime avérée ainsi qu’une dissuasion nucléaire sous-marine et de surface reconnues, d’une administration de la Mer significative. La notion d’indépendance dans ses choix stratégiques est aussi primordiale ».
Pour être honnête, que manque-t-il à la France pour qu’elle puisse prétendre au titre de la plus grande thalassocratie du XXIe siècle ? Une vision stratégique d’ensemble, claire et une volonté réelle du politique en France. Les différents corps de métiers du maritime en France ont déjà fait plus que l’on ne pouvait espérer d’eux, et ce, avec des contraintes parfois lourdes. C’est désormais entre les mains des pouvoirs politiques de pouvoir concrétiser cette place naturelle de première puissance maritime mondiale qui peut nous revenir.
Un message fut diffusé depuis des années auprès des Français par Christian Buchet et il est parfaitement résumé dans son dernier ouvrage paru : « Osons la mer ! ». Un autre message fut porté, dans les années 1930, par le grand penseur et homme de mer Ernest Lamort aux plus hautes instances de notre pays : « l’ambition maritime doit être portée par le plus haut sommet de l’État. »
À ce sujet, qu’en est-il ? Nous avons pu compter sur les visites du Président Hollande aux Assises de la mer en 2016 à La Rochelle ainsi que celles du Président Macron en 2019 à Montpellier ainsi qu’à Nice au cours de l’année 2021. Quand il n’y a pas de président, ceux sont les premiers ministres qui se déplacent pour parler au monde maritime tous les ans, Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls, Édouard Philippe.) Par ailleurs, n’oublions pas qu’avant eux, le Président Chirac fut jeune pilotin de la Marine Marchande, ayant ainsi toujours eu une affection toute personnelle envers notre secteur d’activité.
Nous pouvons raisonnablement penser que la France maritime avec ses 500 000 emplois d’une parité femmes/hommes parfaitement respectée, est portée depuis des années au plus niveau de l’État.
Nous pouvons regretter toutefois qu’il n’y ait pas eu, pour arriver à ce résultat, de « grand soir du maritime » mais plutôt, depuis presque 40 ans, de petits matins successifs, au fil de l’eau, que la politique maritime n’ait pas été exprimée dans un projet d’ensemble, cohérent et inscrit dans la durée. Cependant, il n’est pas certain qu’un autre pays fit mieux au cours de cette période… En revanche, il est certain que l’heure est venue de faire connaître notre vocation maritime ignorée du grand public. Notre carence collective en matière de communication est avérée. Le contenu est évident, le faire savoir est une nécessité, pour que rayonne auprès de nos concitoyens de métropole et d’Outre-Mer nos réalisations maritimes passées, présentes et futures.
De grands chantiers restent toutefois ouvert : l’Épargne maritime, le renouveau de l’Enseignement maritime, la solidarité économique entre acteurs français, les actes concerts de souveraineté, la promotion sociale, la généralisation de la Garantie des Projets Stratégiques (GPS), la marine marchande dans son ensemble étant considérée comme stratégique pour notre pays, la croissance du pavillon français… et tant d’autres.
Nous devons assumer notre ambition maritime et ce, sans complexe. Le XXIe siècle sera maritime et la France répondra présente à ce rendez-vous donné à notre histoire !
[i] Rodolphe Saadé, discours prononcé lors de l’United Nations Global Compact, 2 juin 2020.